Cœur-Loyal ; cuerpo de Cristo ! il n’y a pas assez longtemps que j’ai renoncé à la vie du désert pour en avoir oublié les ruses. Ne donnons pas à ces gens le temps de se reconnaître : chargeons-les et faisons une trouée !
— Non, dit avec autorité Valentin, cela ne se peut. Fermez et barricadez la porte, Belhumeur.
Le Canadien se hâta d’obéir.
— Mais… fit don Rafaël.
— Cœur-Loyal, reprit Valentin, vous n’êtes plus maître d’agir à votre guise et de vous jeter dans des entreprises désespérées, vous devez vivre pour votre femme et vos enfants : d’ailleurs, pouvons-nous exposer doña Angela à être tuée au milieu de nous ?
— C’est vrai, répondit-il. Pardonnez-moi, j’étais fou !
— Oh ! s’écria doña Angela, que m’importe de mourir, si je ne dois pas revoir celui que j’aime ?
— Señorita, dit sentencieusement le chasseur, laissez les événements suivre leur cours : qui sait s’il ne vaut pas mieux qu’il en soit ainsi ? Quant à présent, rentrez dans la maison, et laissez-nous conduire cette affaire.
— Venez, mon enfant, venez, lui dit affectueusement doña Luz, votre présence est inutile ici, et peut-être que bientôt elle sera nuisible.
— Je vous obéis, señora, répondit tristement la jeune fille.
Et elle s’éloigna à pas lents, appuyée sur le bras de doña Luz, qui lui prodiguait toutes les consolations que lui dictait son cœur.
Don Rafaël avait donné l’ordre à tous ses serviteurs de s’armer et de se tenir prêts à opposer une