Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/309

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bon accord, dans une position assez difficile et qui naturellement devait s’aggraver de jour en jour.

Deux partis se formèrent dans le bataillon : l’un, hostile au commandant, parlait avec affection du comte, dont le souvenir était encore palpitant en Sonora, regrettait son absence et formait des vœux pour son retour ; l’autre, sans être dévoué au commandant, lui restait cependant attaché à cause de l’honneur du drapeau ; mais le dévouement était tiède, et nul doute que s’il arrivait un événement imprévu, ces hommes se laisseraient entraîner par les circonstances.

Sur ces entrefaites, le général Alvarez s’était prononcé contre Santa-Anna, président de la république, et appelait à la révolte tous les chefs de corps disséminés dans les provinces.

Le général Guerrero hésitait, ou du moins semblait hésiter à se déclarer pour l’un ou l’autre.

Tout à coup on apprit avec étonnement, presque avec stupeur, que le comte de Prébois-Crancé avait débarqué à Guaymas.

Voilà ce qui était arrivé :

Aussitôt après sa conversation avec sa fille, conversation que nous avons en partie rapportée, le général avait été faire une visite au señor don Antonio Mendez Pavo : cette visite avait été longue, les deux personnages avaient longtemps et secrètement causé ensemble ; puis le général avait regagné sa maison en se frottant les mains.

Cependant le comte était à San-Francisco, triste et sombre, honteux du résultat d’une expédition si bien commencée, furieux contre les traîtres qui l’avaient fait avorter, et, avouons-le, brûlant,