Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/310

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malgré les sages exhortations de Valentin, de prendre sa revanche.

De plusieurs côtés à la fois, des personnes influentes engageaient le comte à faire une seconde expédition ; on lui proposait l’argent nécessaire pour acheter des armes et enrôler des volontaires ; Louis avait eu des entrevues secrètes avec deux aventuriers hardis, le colonel Walker et le colonel Fremont, qui plus tard se porta candidat à la présidence des États-Unis. Ces deux hommes lui avaient fait des offres avantageuses, mais le comte les avait repoussées, grâce à la toute-puissante intervention du chasseur.

Cependant le comte était tombé dans une mélancolie noire ; lui si doux et si bienveillant était devenu cassant, sardonique ; il doutait de lui et des autres. Les trahisons dont il avait été victime avaient aigri son caractère à un point tel que ses meilleurs amis commençaient à s’inquiéter sérieusement.

Jamais il ne parlait de doña Angela, jamais son nom n’arrivait de son cœur à ses lèvres ; mais sa main cherchait souvent sur sa poitrine la relique qu’elle lui avait donnée lors de leur première rencontre, et quand il était seul, il la baisait avec amour en versant des larmes.

L’arrivée de Curumilla à San-Francisco produisit un véritable coup de théâtre ; le comte parut subitement avoir recouvré toutes ses espérances et toutes ses illusions, le sourire reparut sur ses lèvres et de fugitifs reflets de gaîté éclairèrent son front.

À la suite de Curumilla arrivèrent deux hommes que nous ne nommerons pas afin de ne pas souiller les pages de ce livre.