Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/318

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— Oui ; je sais comme toi que le général nous trompe ; mais ces volontaires ne sont pas ceux que j’avais à Hermosillo. Ceux-ci hésitent, ils ont peur, que sais-je ? Leur commandant est incapable d’agir ; c’est un homme mou et sans initiative. Avec de pareils gens, nous n’arriverons à rien.

— J’en ai peur ; cependant mieux vaut savoir à quoi s’en tenir tout de suite que de continuer plus longtemps à demeurer dans une telle incertitude.

— Demain, les délégués doivent aller trouver le général.

— Qu’ils aillent trouver le diable, ils seront au moins certains d’avoir une réponse catégorique, dit Valentin avec impatience.

En ce moment, deux coups légers furent frappés à la porte de la rue.

— Qui peut venir si tard ? dit le comte, je n’attends personne.

— C’est égal, voyons toujours, fit Valentin ; ce sont souvent ceux qu’on n’attend pas qui sont les plus agréables à recevoir.

Et il alla ouvrir la porte.

À peine fut-elle entr’ouverte, qu’une femme se précipita dans la maison en criant au chasseur d’une voix entrecoupée par la terreur :

— Voyez ! voyez ! on me suit !

Valentin s’élança au dehors.

Bien que cette femme fût tapada, c’est-à-dire que ses traits fussent entièrement cachés sous son rebozo, cependant le comte la reconnut aussitôt. Quelle autre femme que doña Angela pouvait ainsi venir le voir ?

C’était elle, en effet.