Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/319

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le comte la reçut à demi évanouie dans ses bras, l’étendit sur une butacca et se mit en devoir de lui prodiguer tous les soins qu’exigeait son état.

— Au nom du ciel ! parlez, qu’avez-vous ? s’écria-t-il ; que vous est-il arrivé ?

Au bout d’un instant la jeune femme se redressa, elle passa à plusieurs reprises sa main sur son front, et regardant le comte avec une expression de bonheur immense :

— Enfin, je vous revois, mon amour ! s’écria-t-elle en fondant en larmes et en se jetant éperdue dans ses bras.

Don Luis lui rendit ses caresses et chercha à la calmer.

La jeune fille était en proie à une surexcitation nerveuse étrange ; ses grands yeux noirs étaient hagards, son visage pâle comme celui d’une morte, tout son corps agité de tressaillements convulsifs.

— Mais enfin, mon enfant, qu’avez-vous ? Au nom du ciel, expliquez-vous ; je vous en supplie, parlez, Angela, parlez si vous m’aimez.

— Si je vous aime, pauvre chéri de mon cœur ! — pobre querido de mi corazon — dit-elle avec un soupir en pressant sa main dans les siennes ; si je vous aime ! Hélas ! je vous aime à en mourir, don Luis, et cet amour me tuera !

— Ne parlez pas ainsi, mon ange bien-aimé ! chassez ces sombres pensées ; ne songeons qu’à notre amour.

— Non, don Luis, je ne suis pas venue pour vous parler d’amour ; je suis venue pour vous sauver.