— Je le voudrais comme toi, mais c’est impossible, puisque les quarante mille rations que nous devions trouver ici ne sont pas encore arrivées, et que nous sommes contraints de les attendre.
— C’est vrai.
— Je suis d’autant plus contrarié de ce contretemps, que nos vivres diminuent rapidement. Cependant, ne laissons pas voir notre désappointement à nos compagnons, faisons contre fortune bon cœur ; ils savent que nous les avons devancés ici afin de tout préparer en fourriers, laissons-leur croire que nous avons réussi.
Valentin s’inclina affirmativement.
La nuit était presque finie ; déjà, à l’horizon, le ciel commençait à se nuancer de larges bandes blanchâtres, les étoiles avaient toutes disparu et s’étaient, les unes après les autres, éteintes dans les profondeurs du ciel ; le soleil n’allait pas tarder à se lever.
Curumilla jeta une brassée de bois sec dans le foyer, afin de raviver sa flamme et de neutraliser les effets de l’air glacial de la nuit.
— Caramba ! s’écria don Cornelio en s’éveillant en sursaut, je suis gelé, moi, tant les nuits sont froides.
— N’est-ce pas ? lui dit Valentin ; eh bien, si vous voulez vous échauffer, rien n’est plus facile, accompagnez-moi.
— Je ne demande pas mieux ; où allez-vous ?
— Écoutez !
— J’écoute. Tiens, fit-il au bout d’un instant, serait-ce la compagnie ?