Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/38

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personne de cette découverte ; nous devons nous défier de tout, la trahison plane autour de nous, elle nous menace de tous les côtés à la fois. Pendant que je ferai augmenter la force de nos retranchements, sous prétexte d’un plus long séjour ici, toi, frère, tu iras à la découverte avec le chef, et tu t’assureras de ce que nous avons réellement à craindre des Indiens.

— Sois tranquille, frère ; de ton côté, fais bonne garde.


III

L’Espion.

Il était environ huit heures du matin lorsque Valentin et Curumilla avaient quitté Louis.

Le chasseur avait passé la nuit entière sans fermer l’œil ; il se sentait fatigué ; ses paupières, allourdies par le sommeil, se fermaient malgré lui ; cependant il se préparait à exécuter les recherches dont son frère de lait l’avait chargé, lorsque Curumilla, s’apercevant de son état, l’engagea à prendre quelques heures de repos, lui faisant observer qu’il n’avait pas absolument besoin de lui pour relever les empreintes qu’il avait aperçues le matin, et qu’il lui rendrait bon compte de ce qu’il aurait fait.

Valentin avait en Curumilla la plus entière confiance ; maintes fois, pendant le cours de leur commune existence j il avait été à même d’apprécier la sagacité, la finesse et l’expérience du chef ; il ne se fit donc que fort peu prier pour consentir à le laisser