Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/39

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se charger seul du soin d’aller à la découverte, et après lui avoir fait les plus chaleureuses recommandations, il se roula dans son manteau et s’endormit profondément.

Il dormait depuis deux heures environ d’un sommeil paisible et réparateur, lorsqu’il sentit une main s’appuyer doucement sur son épaule.

Si léger qu’eût été cet attouchement, il suffit cependant pour éveiller le chasseur, qui, de même que tous les hommes habitués à la vie des prairies, conservait pour ainsi dire, en dormant, le sentiment des choses extérieures ; il ouvrit les yeux et regarda fixement l’homme qui venait ainsi troubler si malencontreusement le repos dont il jouissait, en l’envoyant in petto à tous les diables.

— Eh bien ! lui dit-il avec l’accent bourru d’un homme éveillé au meilleur moment d’un beau rêve, que me voulez-vous, don Cornelio ? Ne pouviez-vous choisir un instant plus propice pour causer avec moi ? car je suppose que ce que vous avez à me dire n’est pas d’une grande importance.

Don Cornelio, car c’était lui, en effet, qui venait d’éveiller Valentin, posa un doigt sur sa bouche, en jetant un regard soupçonneux autour de lui, comme pour recommander la circonspection au chasseur, et se penchant à son oreille :

— Pardonnez-moi, don Valentin, dit-il, je crois que la communication que j’ai à vous faire est, au contraire, fort importante.

Valentin se dressa comme mû par un ressort, et regardant l’Espagnol dans les yeux :

— De quoi s’agit-il donc ? demanda-t-il d’une voix basse et concentrée, mais cependant impérieuse.