Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/41

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façon à ne pas attirer l’attention sur lui, il entra dans la forêt.

Cependant le colonel Florès, croyant Valentin endormi, sachant le comte en train d’écrire, et persuadé par conséquent qu’il n’avait pas à craindre d’être suivi ou surveillé, marchait rapidement dans la direction du fleuve sans se donner la peine de chercher à dissimuler ses traces, imprudence dont profita le chasseur et qui le mit immédiatement sur la piste de l’homme qu’il surveillait.

Le colonel arriva ainsi jusqu’au bord du fleuve.

Le calme le plus complet régnait aux environs.

Les alligators se vautraient dans la boue du rivage, les flamands roses pêchaient insoucieusement, tout enfin témoignait de l’absence de l’homme. Cependant, à peine le colonel parut-il sur la plage qu’un individu, se suspendant par les bras aux branches d’un arbre, se laissa tomber sur le sol à deux pas devant lui.

À cette apparition imprévue, le colonel recula en étouffant un cri de surprise et d’effroi, mais il n’avait pas encore eu le temps de se remettre de cette émotion, qu’un second individu sauta de la même façon sur le sable.

Machinalement, don Francisco leva les yeux vers l’arbre.

— Oh ! oh ! fit le premier personnage avec un gros rire, ce n’est pas la peine de regarder ainsi, Garrucholo ; il n’y a plus personne.

À ce nom de Garrucholo, le colonel tressaillit et examina attentivement les deux hommes qui s’étaient présentés à lui d’une si étrange manière, qui se te-