Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/42

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naient immobiles devant lui et qui le regardaient d’un air moqueur.

Le premier de ces deux hommes était un blanc, ce qui était facile à reconnaître au premier coup d’œil, malgré son teint hâlé, qui avait presque la couleur de la brique. Les vêtements qui le couvraient étaient en tout semblables à ceux des Indiens.

Cet intéressant personnage était armé jusqu’aux dents, et tenait un long rifle à la main.

Quant à son compagnon, c’était un Peau-Rouge : il était peint et armé en guerre.

— Eh ! reprit celui qui déjà avait parlé, on dirait que tu ne me reconnais pas, garçon. By god ! tu as la mémoire courte.

Ce juron et surtout l’accent fortement prononcé avec lequel cet homme s’exprimait en espagnol, bien qu’il parlât couramment cette langue, furent un trait de lumière pour le colonel.

— El Buitre ! s’écria-t-il en se frappant le front.

— Allons donc ! fit l’autre en riant, je savais bien que tu ne m’avais pas oublié, compagnon.

Cette rencontre imprévue n’était rien moins qu’agréable au colonel ; cependant, il jugea prudent de n’en rien laisser paraître.

— Par quel hasard vous trouvez-vous donc ici ? demanda-t-il.

— Et toi ? répondit effrontément l’autre.

— Moi ! mais ma présence est toute naturelle et extrêmement facile à expliquer.

— Et la mienne aussi.

— Ah !

— Dame ! je suis ici parce que tu t’y trouves.