Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/43

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— Hum ! fit le colonel, en se tenant sur la réserve, expliquez-moi donc cela.

— Je ne demande pas mieux ; seulement l’endroit est assez mal choisi pour causer ; viens avec moi.

— Permettez ! Buitre, mon ami, nous sommes, ainsi que vous l’avez dit vous-même, de vieilles connaissances.

— Ce qui veut dire ?

— Que je me méfie extraordinairement de vous.

Le bandit se mit à rire.

— Confiance qui m’honore, fit-il, et dont je suis digne. Mais deux mots vont te mettre au courant. As-tu trouvé dans l’église de la Mission un manche de poignard avec un S incrusté sur le pommeau ?

— Oui.

— Très-bien ; ce manche de poignard signifiait, n’est-ce pas ? que tu devais venir te promener par ici ?

— En effet.

— Et que tu rencontrerais une ou plusieurs personnes avec lesquelles tu causerais ?

— Oui.

— Eh bien ! les personnes avec lesquelles tu dois causer sont devant toi. Comprends-tu maintenant ?

— Parfaitement.

— Alors, causons ; seulement, comme ce que nous avons à dire ne regarde que nous et qu’il est inutile d’immiscer dans nos affaires des gens qui n’ont rien à y voir, nous allons nous rendre dans un endroit où nous n’aurons pas à craindre des oreilles indiscrètes.

— Qui diable voulez-vous qui nous surprenne ici ?

— Personne, probablement ; mais, mon estimable