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L’ÉCLAIREUR.

je crois que le mieux est de ne pas revenir sur ce sujet.

— Vous ne m’en voulez pas, au moins ?

— Moi ! pourquoi donc vous en voudrais-je ?

— Ainsi, nous sommes toujours bons amis ?

— Plus que jamais, fit en riant don Miguel.

Cependant la façon dont ses paroles furent prononcées ne rassura que médiocrement le Mexicain ; il lança un regard en dessous à son interlocuteur et se leva.

— Vous partez ? lui demanda le jeune homme.

— Si vous me le permettez je me mettrai en route.

— Faites, faites, mon hôte.

Don Stefano, sans répondre se mit incontinent à seller son cheval.

— Vous avez là une noble bête, observa don Miguel.

— Oui, c’est un barbe pur sang.

— Voilà la première fois que je vois un individu de cette race précieuse.

— Regardez-le tout à votre aise.

— Je vous remercie ; mais je craindrais de vous retarder davantage ; hola ! mon cheval, ajouta-t-il en s’adressant à Domingo.

Celui-ci lui amena un mustang plein de feu, sur le dos duquel le jeune homme s’élança d’un bond ; de son côté, don Stefano s’était mis en selle.

— Est-ce que vous allez faire une promenade aux environs ? demanda-t-il.

— Si vous me le permettez, j’aurai l’honneur de vous accompagner pendant quelques pas, à moins, ajouta-t-il avec un sourire railleur, que vous ayez encore fait un vœu qui vous le défende, auquel cas je m’abstiendrai.

— Allons ! fit don Stefano d’un ton de reproche, vous m’en voulez.

— Ma foi non, je vous jure.

— À la bonnee heure ; nous partirons quand vous voudrez.