Page:Aimard - L’Éclaireur, 1860.djvu/139

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
129
L’ÉCLAIREUR.

— Mon frère verra.

— Je suis fort, bien armé, je me soucie fort peu de ceux qui prétendraient me surprendre.

— Un homme n’en vaut pas dix, fit sentencieusement l’Indien.

— Qui sait ? répondit légèrement le jeune homme ; mais, continua-t-il, ce n’est pas de cela qu’il s’agit en ce moment ; je viens ici chercher les nouvelles que le chef m’a promises.

— La promesse d’Addick est sacrée.

— Je le sais, chef, voilà pourquoi je n’ai pas hésité à venir ; mais le temps se passe, j’ai une longue route à faire pour rejoindre mes compagnons, un orage se prépare, et je vous avoue que je serais médiocrement flatté d’y être exposé à mon retour ; veuillez donc être bref.

Le chef s’inclina affirmativement, et de la main il indiqua au jeune homme une place à ses côtés.

— Bon ; maintenant commencez, chef, je suis tout oreille, répondit don Miguel en se laissant tomber sur le sol ; et d’abord, comment se fait-il que ce ne soit qu’aujourd’hui que je vous rencontre ?

— Parce que, répondit flegmatiquement l’Indien, comme mon frère le sait, il y a loin d’ici au Queche-Pilao (ville de Dieu) ; un guerrier n’est qu’un homme, Addick a accompli l’impossible pour rejoindre plus tôt son frère le visage pâle.

— Soit, chef, je vous remercie. Maintenant venons au fait : que vous est-il arrivé depuis notre séparation ?

— Quiepaaa-Tani a ouvert ses portes toutes grandes devant les deux jeunes vierges pâles ; elles sont en sûreté, dans le Queche, loin des regards de leurs ennemis.

— Et ne vous ont-elles chargé de rien me dire ?

L’Indien hésita une seconde.

— Non, dit-il enfin, elles sont heureuses et elles attendent.