— Victoire ! cria don Miguel en fouillant avec son machete tout ce qui se trouvait à sa portée.
Ses amis inconnus toujours auprès de lui s’élancèrent à sa suite. Malgré tous leurs efforts, ceux qui les attaquaient ne purent plus longtemps, maintenir leur position, et ils commencèrent à fuir dans toutes les directions.
La gorge était franchie.
Désormais nul obstacle sérieux ne s’opposait à la fuite de don Miguel ; il pressa son cheval, la noble bête redoubla d’ardeur.
Un peu plus libre alors, le jeune homme regarda autour de lui. Ses défenseurs inconnus avaient subitement disparus comme par enchantement.
— Qu’est-ce que cela signifie ? murmura-t-il.
En ce moment il sentit au bras gauche une commotion assez semblable à un coup de fouet : une balle venait de l’atteindre. Cette blessure le rappela au sentiment de sa position présente.
Ses ennemis s’étaient ralliés et avaient recommencé leur poursuite. Devant lui il entendait gronder les flots jaunâtres du Rubio ; la colère de Dieu et la colère des hommes semblaient se liguer contre lui pour l’accabler : ce fut alors qu’une épouvante insensée s’empara de lui ; il se crut perdu et poussa ce premier cri d’agonie entendu des chasseurs.
Cependant ceux qui le poursuivaient gagnaient rapidement sur lui ; sans hésiter, sans réfléchir, il se précipita dans le Rubio avec son cheval ; une vingtaine de balles firent crépiter l’eau tout autour de lui ; il se retourna bravement sur son cheval et fit feu une dernière fois de ses revolvers en poussant ce cri auquel les chasseurs répondirent par le mot :
— Courage !