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Page:Aimard - L’Éclaireur, 1860.djvu/181

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L’ÉCLAIREUR.

peut-être, ce sac mystérieux, inutile pour lui, pourrait être important pour mon père ou quelques-uns de ses amis, l’a serré précieusement dans sa poitrine et il est accouru en toute hâte afin de le remettre à mon père. Le voilà, ajouta-t-il en sortant un portefeuille de son sein et le présentant à don Mariano ; que mon père le prenne, peut-être parviendra-t-il à connaître ce qu’il renferme.

Bien que l’action du Peau-Rouge fût toute naturelle de sa part, que ce portefeuille et ce qu’il contenait devait probablement être fort indifférent au gentilhomme, ce ne fut cependant qu’avec un secret serrement de cœur qu’il le prit des mains du chef.

L’Indien croisa les bras sur sa poitrine et attendit, fort satisfait de ce qu’il venait de faire.

Don Mariano examina d’un air distrait le portefeuille qu’il tenait à la main. Ce portefeuille était en chagrin noir assez ordinaire, sans enjolivements ni dorures ; on reconnaissait que c’était plus un meuble d’utilité que de luxe ; il était bourré de papiers et fermé au moyen d’une petite serrure en argent. L’examen, commencé d’abord, ainsi que nous l’avons dit, d’un air distrait, prit soudain une grande importance pour don Mariano, ses yeux étaient tombés sur ces mots à demi effacés, gravés en lettres d’or sur un des côtés du portefeuille :

« Don Estevan de Real del Monte. »

À la vue de ces mots qui lui révélaient le nom du propriétaire de l’objet qu’il tenait, il fit un geste de surprise en lançant un regard profond à son frère toujours étendu sans connaissance, et, par un mouvement indépendant de sa volonté, sa main se crispa avec force. Cette pression rompit l’attache qui fermait le portefeuille ; il s’ouvrit, et plusieurs papiers s’en échappèrent.

Bermudez se baissa vivement, les ramassa et les remit à son maître. Celui-ci fit machinalement le geste de les re-