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L’ÉCLAIREUR.

dit-il, la loi de Dieu doit régner ; lorsque nous avons le droit de tuer les bétes féroces et malfaisantes, pourquoi n’aurions-nous pas le droit de punir un scélérat ? J’accepte la mission dont vous me chargez, parce que, dans mon cœur, j’ai la persuasion qu’en agissant ainsi j’accomplis un devoir et que je suis utile à la société tout entière, dont je me fais le vengeur.

— Bien, répondit don Mariano, je vous remercie. Et, vous chef ?

— J’accepte, dit nettement le Comanche ; les traîtres doivent être punis, n’importe à quelle race ils appartiennent. L’Aigle-Volant est un chef, il a le droit de siéger au feu du conseil au premier rang des sachems et de condamner ou d’absoudre.

— À vous maintenant, reprit don Mariano en se tournant vers ses domestiques, répondez.

Bermudez fit un pas en avant, et saluant respectueusement don Mariano :

— Seigneurie, dit-il, nous connaissons cet homme : enfant, nous l’avons fait sauter et jouer sur nos genoux ; plus tard il a été notre maître ; nos cœurs ne seraient pas libres en sa présence ; nous ne pouvons le juger, nous ne devons pas le condamner, nous ne sommes bons qu’à exécuter le jugement, quel qu’il soit, qu’on porte contre lui si nous en recevons l’ordre ; d’anciens esclaves, libres par la bonté de leur maître, ne sont jamais égaux à lui.

— Ces sentiments sont ceux que j’attendais de vous ; je vous remercie de votre franchise, mes enfants. En effet, vous ne devez pas intervenir dans cette affaire ; Dieu, je l’espère, nous enverra deux hommes au cœur loyal et à la volonté ferme pour vous remplacer et remplir sans arrière-pensée les fonctions de juges.

— Dieu vous a entendu, caballero, dit une voix rude, nous voici, disposez de nous.