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Page:Aimard - L’Éclaireur, 1860.djvu/289

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L’ÉCLAIREUR.

— Eh ! murmura-t-il à part lui, voilà qui me fera trouver, un bout de la piste ; avec l’aide de Dieu, j’espère que je ne tarderai pas à atteindre l’autre.

Cependant Bon-Affût s’était assis auprès de l’Aigle-Volant.

— Mon frère rouge compte-t-il toujours retourner dans sa tribu ? lui demanda-t-il.

— Il y a longtemps que le sachem est absent, répondit l’Indien ; ses fils ont hâte de le voir.

— Bon ! fit le chasseur, cela doit être ainsi : l’Aigle-Volant est un chef renommé, ses fils ont besoin de lui.

— Les Comanches sont trop sages pour qu’un guerrier leur fasse faute et que son absence soit remarquée.

— Mon frère est modeste, mais son cœur vole vers le village de ses pères.

— Tous les hommes ne sont-il pas de même ?

— C’est vrai, le sentiment de la patrie est inné au cœur de l’homme.

— Les visages pâles lèvent leur camp ?

— Oui.

— Retournent-ils du côté du grand lac salé, dans leurs villages en pierre ?

— Non, ils partent pour une grande chasse au bison, dans les prairies au bas de la grande rivière sans fin aux lames d’or.

Ooah ! fit le chef avec une certaine émotion ; alors bien des lunes se passeront avant que je revoie mon frère.

— Pourquoi cela, chef ?

— Le grand chasseur pâle n’accompagne-t-il pas ses frères ?

— Non, fit laconiquement Bon-Affût.

Och ! mon frère veut rire ; que feront les visages pâles s’il ne les accompagne pas ?

— Je vais du côté du soleil.