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L’ÉCLAIREUR.

du moins est tellement faible, que la nuit arrive pour ainsi dire sans transition.

Bon-Affût, depuis le départ des deux premiers détachements, n’avait pas prononcé un mot, pas fait un mouvement ; ses compagnons, pour des motifs sans doute analogues aux siens, avaient respecté cette disposition silencieuse de leur chef ; mais à peine la nuit fut-elle venue que le chasseur se redressa.

— En route, dit-il d’une voix brève.

Tous se levèrent.

Bon-Affût jeta autour de lui un regard investigateur.

— Laissez vos chevaux, dit-il, ils nous sont inutiles ; ce n’est pas un voyage que nous entreprenons, nous commençons une chasse à l’homme ; il nous faut être libres de nos mouvements ; la piste que nous suivons est difficile. Juanito, vous resterez ici avec les animaux jusqu’à ce que vous receviez de nos nouvelles.

Le criado fit un geste de mécontentement.

— J’aurais préféré vous suivre et ne pas abandonner mon maître, dit-il.

— Je le comprends, mais j’ai besoin qu’un homme courageux et résolu surveille nos animaux, je ne pouvais mieux m’adresser qu’à vous ; du reste, j’espère que vous ne demeurerez pas longtemps seul ; cependant comme nous ne savons quels chemins nous aurons à suivre ni les empêchements qui se dresseront sur notre route, construisez-vous une hutte. Chassez, faites ce que bon vous semblera, mais souvenez-vous que vous ne devez pas bouger d’ici sans mon ordre.

— C’est convenu, compadre, répondit Juanito ; vous pouvez partir quand vous voudrez ; votre voyage durerait-il six mois que vous seriez certain de me retrouver à votre retour.

— Bon, fit Bon-Affût, je compte sur vous.