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L’ÉCLAIREUR.

Puis il siffla son mustang, qui accourut à son appel, et vint appuyer sa tête intelligente sur l’épaule de son maître qui le flatta. C’était une noble bête, d’une assez grande taille, à la tête petite, mais dont les yeux pétillaient d’ardeur ; son large poitrail, ses jambes fines et nerveuses, tout dénotait en lui le cheval de race. Bon Affût saisit la réata qui pendait par un anneau fixé à la selle de l’animal, la détacha, l’enroula autour de son corps, puis, frappant légèrement la croupe du mustang, il le regarda s’éloigner avec un soupir de regret.

Les compagnons du chasseur s’étaient munis de leurs armes et de vivres, consistant en pennekann, viande de bison séchée et pulvérisée, et en tortillas de maïs.

— Allons, en route ! s’écria le Canadien en jetant son rifle sur son épaule.

— En route ! firent les autres.

— Bon voyage et heureuse réussite, leur dit Juanito, ne pouvant s’empêcher d’accompagner cet adieu d’un soupir qui laissait deviner combien il était fâché d’être ainsi laissé en arrière.

— Merci, répondirent les aventuriers.

Aussitôt qu’il eurent quitté le camp, ils prirent la file indienne, c’est-à-dire qu’ils marchèrent l’un derrière l’autre, le second posant ses pieds sur l’empreinte exacte des pas du premier, le troisième sur celle des pas du second, et ainsi de suite jusqu’au sixième et dernier. Seulement celui-ci, comme fermant la marche prenait le soin d’effacer autant que possible les traces laissées par lui et ceux qui le précédaient.

Juanito, après les avoir suivis quelques instants du regard pendant qu’ils descendaient le monticule au sommet duquel se trouvât le camp, vint nonchalamment se rasseoir auprès du feu.