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Page:Aimard - L’Éclaireur, 1860.djvu/311

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L’ÉCLAIREUR.

n’aurait osé l’espérer. Après avoir écarté à grand’peine et avec des précautions minutieuses les lianes et les broussailles qui obstruaient le chemin, il se trouva subitement, et sans s’en douter, à l’entrée d’une grotte naturelle, formée probablement par une de ces convulsions volcaniques si fréquentes dans ces régions.

À cette vue, il s’arrêta, et allumant une branche d’ocote dont il avait eu le soin de se prémunir, il entra résolument dans la grotte, suivi de ses compagnons. L’apparition subite de la lumière de la torche effraya une nuée d’oiseaux de nuit et de chauves-souris qui, avec des cris aigus, se mirent à voler lourdement et à s’échapper de tous les côtés. Bon-Affût continua sa route, sans s’occuper de ces hôtes funèbres dont il interrompait si inopinément les lugubres ébats.

Cette grotte était haute, spacieuse et aérée. C’était, dans les circonstances où se trouvaient les aventuriers, une précieuse trouvaille, car elle leur offrait un abri à peu près sûr, pour la nuit, contre les recherches des Apaches, qui certainement n’avaient pas renoncé aies poursuivre.

Les aventuriers, après avoir exploré la caverne dans tous les sens, et s’être assurés qu’elle avait deux sorties, ce qui leur garantissait les moyens de fuir s’ils étaient attaqués par de trop nombreux ennemis, retournèrent vers l’embarcation, la retirèrent de l’eau, et, la chargeant sur leurs épaules, ils la portèrent au fond de la grotte. Puis, avec cette patience dont les Indiens et les coureurs des bois sont seuls capables, ils effacèrent les moindres traces, les plus légères empreintes qui auraient pu faire reconnaître leur débarquement et deviner la retraite qu’ils avaient choisie. Les brins d’herbes courbés furent redressés, les lianes et les buissons qu’ils avaient écartés furent rapprochés, et, après ce soin accompli, nul n’eût pu se douter que plusieurs hommes avaient passé par là.

Après quoi, faisant une ample provision de bois mort et