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Page:Aimard - L’Éclaireur, 1860.djvu/312

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L’ÉCLAIREUR.

de branche d’ocote pour les torches, ils rentrèrent dans la grotte avec l’intention manifeste de prendre enfin un peu de repos dont ils avaient si grand besoin.

Tous ces préparatifs avaient demandé du temps ; aussi la nuit était-elle fort avancée déjà lorsque les aventuriers, après avoir pris un maigre repas préparé à la hâte, s’enveloppèrent enfin dans leurs zarapés et s’étendirent les pieds au feu et la main sur leur rifle. Rien ne troubla leur sommeil, qui durait encore lorsque les premiers rayons du soleil empourprèrent l’horizon de reflets joyeux. Ce fut Bon-Affût qui réveilla ses compagnons.

L’Aigle-Volant n’était pas dans la grotte.

Cette absence n’inquiéta nullement le chasseur ; il connaissait trop bien le sachem comanche pour redouter une trahison de sa part.

— Debout ! cria-t-il aux dormeurs, le soleil est levé ; nous nous sommes assez reposés, il est temps de songer à nos affaires.

Au bout d’un instant ils étaient sur pied.

Le chasseur ne s’était pas trompé ; à peine commençait-on à rallumer le feu pour le repas du matin, que l’Aigle-Volant parut. Le chef portait sur ses épaules un élan magnifique qu’il jeta silencieusement à terre, puis il alla s’accroupir auprès de l’Églantine.

— Ma foi ! chef, dit gaiement Bon-Affût, vous êtes un homme de précaution, votre chasse est la bienvenue ; nos vivres commençaient à furieusement diminuer.

Le Comanche sourit de plaisir à cette parole, mais il ne répondit pas autrement : de même que tous ses congénères, l’Indien ne parlait que lorsque cela était absolument nécessaire.

Sur un signe du Canadien, Domingo, qui était un grand chasseur, se mit immédiatement en devoir de dépouiller l’élan.