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L’ÉCLAIREUR.

Après avoir dit ces quelques mots, don Stefano, ou du moins celui qui se faisait appeler ainsi, fit un mouvement pour s’éloigner, mais d’un geste brusque Balle-Franche l’arrêta.

— Qu’y a-t-il ? demanda l’étranger. Le chasseur posa l’index de sa main droite sur sa bouche pour lui recommander le silence, et se tournant vers Ruperto, qui avait assisté, impassible et silencieux, à l’entretien :

— Au Coyote ! lui dit-il d’une voix basse et inarticulée.

Sans répondre, Ruperto bondit comme un jaguar et disparut dans un buisson de cotonniers qui se trouvait à peu de distance.

Au bout de quelques instants, les deux hommes qui étaient demeurés le corps penché en avant, dans l’attitude de gens qui écoutent, mais sans prononcer une parole, entendirent un froissement de feuilles, un bruit de branches brisées suivi de la chute d’un corps lourd sur le sol, puis plus rien.

Presque aussitôt, le cri de la chouette s’éleva dans la nuit.

— Ruperto, nous appelle, dit alors Balle-Franche, tout est fini.

— Que s’est-il donc passé ? demanda don Stefano avec inquiétude.

— Moins que rien, répliqua le chasseur, en lui faisant signe de le suivre. Nous aviez un espion à vos trousses, voilà tout.

— Un espion ?

— Pardieu ! vous allez le voir.

— Oh ! oh ! ceci est grave.

— Moins que vous le supposez, puisque nous le tenons.

— Oui, mais alors il nous faudra donc tuer cet homme ?

— Qui sait ? cela dépendra probablement de l’explication