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L’ÉCLAIREUR.

les paroles du chef ? est-il résolu à se fier à sa prudence et à son expérience ?

— J’agirai comme vous me l’indiquerez, chef, répondit Bon-Affût, qui savait que c’était à lui que s’adressait le Comanche ; je vous promets de me laisser entièrement guider par vous.

— Ooah ! reprit l’Indien en souriant, tout est bien alors ; avant deux heures, mon frère sera dans Quiepaa-Tani.

— Dieu veuille qu’il en soit ainsi et que ma pauvre enfant soit sauvée, murmura don Mariano.

— Je suis depuis longtemps habitué à lutter de ruse avec les Indiens, répondit le chasseur ; jusqu’à présent, grâce à Dieu, je me suis toujours assez bien tiré de mes rencontres avec eux ; j’ai, cette fois encore, bon espoir de réussir.

— Nous nous tiendrons prêts à vous venir en aide, si besoin était, dit don Miguel.

— Surtout, arrangez-vous de façon à ne pas être dépistés ; vous savez que ce traître de Domingo leur a donné l’éveil.

— Rapportez-vous-en à moi pour cela, Bon-Affût, dit Balle-Franche ; je sais ce que c’est que de jouer à cachecache avec les Indiens ; ce n’est pas la première fois que cela m’arrive, et je me souviens qu’en 1845, à l’époque où j’étais…

— Je sais, interrompit le Canadien, que vous n’êtes pas homme à vous laisser surprendre, mon ami, et cela me suffit ; seulement tenez-vous sur vos gardes, afin d’être prêt au premier signal.

— Et quel sera ce signal ? car il faut bien nous entendre, afin d’éviter un malentendu toujours regrettable qui, dans les circonstances où nous nous trouvons, pourrait avoir des conséquences excessivement graves.

— Vous avez raison ; lorsque vous entendrez le cri de