Page:Aimard - L’Éclaireur, 1860.djvu/351

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
341
L’ÉCLAIREUR.

— Och ! que mon frère interroge ; Ometochtli répondra.

En changeant pour ainsi dire de personnalité, le chasseur avait aussi eu soin de changer de nom ; après des recherches longtemps stériles, il s’était enfin arrêté à celui de Ometochtli, comme se rapportant le mieux au personnage qu’il voulait représenter ; car, malgré son apparence formidable, ce nom signifie simplement Deux-Lapins[1], nom des plus inoffensifs, et parfaitement dans l’esprit du rôle adopté par le chasseur.

— Je n’ai pas à interroger mon frère, répondit le chef avec courtoisie ; je sais qui il est et d’où il vient ; mon frère est un des adeptes de la grande médecine, de la sage nation des Yumas.

— Le chef est bien renseigné, répondit le chasseur ; je vois qu’il a causé avec l’Aigle-Volant.

— Mon frère a quitté sa nation depuis longtemps ?

— Il y aura sept lunes aux premières feuilles que j’ai pris les mocksens du voyageur.

— Ooah ! reprit le chef avec un certain accent de respect ; où sont donc situés les territoires de chasse de la nation de mon frère ?

— Sur les bords du grand lac sans rivage — la mer. —

— Mon frère compte-t-il exercer la grande médecine à Quiepaa-Tani ?

— Je n’y viens que dans ce but et dans celui d’adorer le Wacondah dans le temple magnifique que la piété des Indiens lui a élevé dans la cité sainte.

— Très-bon ; mon frère est un homme sage ; sa nation est pacifique, dit-il en relevant la tête et redressant sa haute taille avec orgueil ; je suis un guerrier et on me nomme Atoyac.

Par un hasard étrange, le premier Indien avec lequel

  1. Ometochtli vient de ome, deux, et tochtli, lapin.