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Page:Aimard - L’Éclaireur, 1860.djvu/369

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L’ÉCLAIREUR.

porte quel prétexte, il ne les reverrait jamais, et qu’ils l’abandonneraient dans la Prairie, le laissant sans le moindre remords se tirer d’affaire tout seul comme il l’entendrait.

Les Indiens comprirent parfaitement la pensée de leur associé ; mais, trop fins pour lui laisser voir qu’ils l’avaient devinés, ils feignirent d’admettre les raisons qu’il leur donnait et d’en reconnaître l’opportunité. Les chefs restèrent donc unis et ils poussèrent en avant, accompagnés seulement d’une vingtaine d’hommes, ayant divisé les autres en deux troupes pour surveiller les gambucinos.

Don Estevan avait hâte d’arriver à Quiepaa-Tani, afin d’enlever les deux jeunes filles de la ville et de les avoir entre les mains, afin, par leur présence, de stimuler l’ardeur de ses associés.

Ils se mirent en route.

Alors il se passa une chose singulière : ce fut que six détachements de guerriers se suivirent à la piste, pendant plus d’un mois, chacun marchant sur les traces de celui qui le précédait, sans se douter qu’il était à son tour suivi par une autre qui marchait sur les siennes.

Les choses allèrent ainsi sans amener de rencontre jusqu’à la nuit où Domingo disparut dans la forêt vierge.

Voici comment cela arriva.

Bon-Affût avait bien jugé le gambucino en le soupçonnant capable de trahison. Voilà pourquoi il avait exigé qu’il demeurât avec lui, afin de le surveiller avec plus de soin.

Malheureusement, depuis le départ du gué del Rubio, malgré l’incessante surveillance exercée par Bon-Affût, il n’avait jamais surpris chez le gambucino le moindre mouvement louche qui pût corroborer ses soupçons et les changer en certitude. Domingo faisait strictement en apparence et loyalement son devoir. Lorsqu’on arrivait au campement, que les petits arrangements pour la nuit étaient