Page:Aimard - L’Éclaireur, 1860.djvu/379

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
369
L’ÉCLAIREUR.

bablement pour lui-même, car cette action, toute juste qu’elle était, ne serait pas demeurée impunie ; il parvînt à se contenir.

— Voyons, reprit-il au bout d’un instant, mon père est bon, il ne voudrait pas me réduire au désespoir : n’y aurait-il pas un moyen de lever cette difficulté en apparence insurmontable ?

Le prêtre sembla hésiter. Addick le dévorait du regard en attendant sa réponse.

— Oui, reprit-il au bout d’un instant, il y a peut-être un moyen.

— Lequel ? s’écria le jeune homme avec joie ; que mon père parle.

— Ce serait, répondit le vieillard en pesant sur les mots et comme à contre-cœur, ce serait d’obtenir du grand conseil une autorisation de les reprendre dans le palais.

— Ooah ! je n’y avais pas songé. En effet, le grand conseil peut autoriser cela ; je remercie mon père. Oh ! j’obtiendrai cette permission.

— Je le désire, répondit le prêtre d’un ton qui donna fort à penser au jeune homme.

— Est-ce que mon père suppose que le grand conseil voudrait me faire l’affront de me refuser une grâce aussi mince ? lui demanda-t-il.

— Je ne suppose rien, mon fils. Le Wacondah tient dans sa main droite le cœur des chefs, lui seul peut les disposer en votre faveur.

— Mon père a raison. Je me rends immédiatement au conseil, il doit être réuni en ce moment.

— En effet, répondit l’amantzin, le premier hachesto — crieur — des puissants sachems est venu me convoquer quelques instants avant que je n’aie le plaisir de voir mon fils.

— Ainsi mon père se rend au conseil ?