Page:Aimard - L’Éclaireur, 1860.djvu/384

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
374
L’ÉCLAIREUR.

ta clémence ; fais descendre tes rayons lumineux dans leurs cœurs, afin que leurs paroles soient celles d’hommes sages.

Puis les deux prêtres reprirent le calumet et allèrent le replacer au-dessous de l’image du Soleil.

Le vieux sachem reprit la parole :

— Le conseil est réuni, dit-il ; deux chefs renommés arrivés ce matin seulement à Quiepaa-Tani, de retour d’un long voyage, ont, disent-ils, des communications importantes à faire aux sachems : qu’ils parlent nos oreilles sont ouvertes.

Nous n’entrerons pas ici dans les détails des discussions qui eurent lieu pendant ce conseil ; nous ne rapporterons pas les discours prononcés par le Loup-Rouge et par Addick ; cela nous entraînerait beaucoup trop loin et pourrait sembler fastidieux au lecteur. Qu’il suffise de dire que, bien que les passions des chefs fussent mises adroitement en jeu par les deux sachems qui avaient demandé la réunion, que parfois à de vives attaques il y eut de vives ripostes, nous nous bornerons à constater que tout se passa avec le décorum et la décence qui caractérisent les assemblées indiennes ; que, bien que chacun défendît son opinion pied à pied, cependant personne ne sortit des limites du bon goût et du savoir-vivre, et nous résumerons les débats en constatant que le Loup-Rouge et Addick échouèrent complètement dans leurs projets, et que le bon sens, ou plutôt le mauvais vouloir de leurs collègues, les empêcha d’atteindre le but qu’ils se proposaient.

Le grand-prêtre, tout en feignant de prendre parti pour Addick, sut si bien embrouiller la question que le conseil déclara à l’unanimité que les deux jeunes filles blanches renfermées au palais des vierges du Soleil devaient être considérées, non pas comme pensionnaires du chef qui les avait amenées dans la ville, mais comme prisonnières de la confédération tout entière, et, comme telles, demeurer