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L’ÉCLAIREUR.

reprit : Non, je ne puis le revoir, il est loin ! bien loin d’ici !

— Il est avec don Miguel dans la forêt ; tranquillisez-vous !

— Mon Dieu ! mon Dieu ! s’écria la jeune fille, c’est trop de bonheur.

En ce moment, on entendit les pas pesants d’un homme qui montait les degrés de marbre.

— On vient, fit vivement le chasseur, prenez garde.

— Mais que faut-il faire ? demanda doña Laura à voix basse.

— Attendre et avoir confiance.

— Quoi, vous allez partir ?

— Nous quitter déjà ?

S’écrièrent-elles ensemble avec un mouvement d’effroi.

— Je reviendrai ; laissez-moi agir ; encore une fois, espoir et patience.

— Oh ! si vous nous abandonniez, si vous ne nous sauviez pas, s’écria Laura tout éplorée, nous n’aurions plus qu’à mourir !

— Oh ! ayez pitié de nous ! murmura doña Luisa.

— Fiez-vous à moi, pauvres enfants, répondit le chasseur plus ému qu’il ne voulait le paraître de cette naïve et profonde douleur. Retenez bien ceci : quoi qu’il arrive, quoi qu’on vous dise, quel que soit le bruit que vous entendiez, reposez-vous sur moi, sur moi seul ; car je veille sur vous, j’ai juré de vous sauver, et je réussirai.

— Merci ! firent-elles.

Les pas entendus précédemment s’étaient arrêtés après s’être rapprochés encore. Bon-Affût, après avoir fait un dernier geste aux jeunes filles pour leur recommander la prudence, composa son visage, ouvrit brusquement la porte et, sans prononcer une parole, il passa devant le grand-prêtre qu’il n’eut pas l’air d’apercevoir, en donnait les marques d’une agitation extrême, et courut vers l’en-