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L’ÉCLAIREUR.

droit où était resté Atoyac à l’attendre, en faisant des gestes incompréhensibles. L’amantzin était muet de surprise ; au bout d’un instant il referma la porte que le chasseur avait laissé ouverte et suivit le médecin, mais comme s’il n’eût osé se rapprocher trop de lui.

Les jeunes filles ne savaient si elles n’étaient pas le jouet d’un rêve ; dès qu’elles se retrouvèrent seules, elles tombèrent dans les bras l’une de l’autre en éclatant en sanglots.



XXXVI.

Une Rencontre.

Le chef indien ne put retenir un geste d’effroi et fit quelques pas en arrière à l’apparition imprévue du chasseur. Celui-ci s’arrêta subitement au milieu de la salle, et, baissant la tête sur la poitrine, il sembla se plonger dans une méditation profonde.

Le grand-prêtre, en rejoignant Atoyac, lui dit en peu de mots de quelle façon le médecin était sorti de la chambre des malades, et les deux Indiens, remplis d’une crainte superstitieuse, se tinrent immobiles à quelques pas de lui, attendant respectueusement qu’il leur adressât la parole.

Cependant le chasseur parut peu à peu rentrer en possession de ses facultés, son agitation se calma, il passa la main sur son front et soupira comme un homme enfin soulagé d’une oppression terrible. Les Indiens jugèrent le moment favorable pour se rapprocher de et lui adresser les questions qu’ils brûlaient de lui faire.

— Eh bien, mon père ? lui dirent-ils.

— Parlez, ajouta le grand-prêtre, qu’avez-vous ?

Le chasseur roula des yeux égares auteur de lui, poussa