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L’ÉCLAIREUR.

blait de mauvaise humeur ; enfin tout conspirait à le plonger de plus en plus dans son humeur noire.

Plusieurs heures s’écoulèrent sans que les aventuriers échangeassent une parole entre eux.

Vers deux heures de l’après-dinée, au moment de la plus forte chaleur, les sentinelles signalèrent l’approche d’une troupe de cavaliers.

Chacun courut aux armes.

Bientôt on reconnut que les nouveaux arrivés étaient Ruperto et sa cuadrilla que les domestiques de don Mariano avaient ralliés et ramenés avec eux.

Juanito avait voulu, suivant les instructions qu’il avait reçues de Bon-Affût, obliger Ruperto à se renfermer avec ses cavaliers dans la caverne de la rivière ; mais le chasseur n’avait voulu rien entendre, disant que ses compagnons se trouvaient engagés plus avant que jamais blancs ne s’étaient hasardés sur le territoire sacré des Peaux-Rouges, qu’ils risquaient à chaque instant d’être accablés par le nombre, massacrés ou faits prisonniers ; que dans une position aussi critique, il ne les abandonnerait pas sans chercher à leur venir en aide ; et, malgré toutes les observations du criado, le digne chasseur, qui était doué d’une assez forte dose d’entêtement, avait poussé en avant, jusqu’à ce qu’enfin il eût rejoint le campement de ses compagnons.

Deux ou trois fois pendant son voyage il avait eu maille à partir avec les Indiens ; mais ces légères escarmouches, loin de modérer son ardeur, n’avaient eu d’autre résultat que celui de l’excitera presser sa marche, car maintenant que l’éveil était donné aux Peaux-Rouge, qu’ils savaient que des détachements de visages pâles erraient aux environs de leurs campements, selon toutes probabilités ils ne manqueraient pas de se réunir en grand nombre, afin de