Page:Aimard - L’Éclaireur, 1860.djvu/444

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
434
L’ÉCLAIREUR.

d’intelligence. Les deux indiens étaient confondus ; l’arrivée de cet homme si clairement prédite par Bon-Affût leur paraissait tenir du prodige.

Nous ne rapporterons pas la conversation qui eut lieu entre don Miguel et les jeunes filles lorsqu’ils se trouvèrent en présence ; nous nous bornerons à dire que, après une visite d’une heure qui pour les jeune gens s’écoula avec la rapidité d’une minute, Bon-Affût parvint à grand’peine à les faire consentir à se séparer et revint avec l’aventurier auprès du grand-prêtre, dont il redoutait d’éveiller les soupçons.

— Courage ! dit rapidement le chasseur pendant le trajet, tout va bien ; maintenant laissez-moi faire.

— Eh bien ? demanda le grand-prêtre dès qu’ils parurent.

Bon-Affût redressa majestueusement sa haute taille, et, prenant un accent imposant et sévère :

— Écoutez, fit-il, les paroles que le grand Wacondah souffle à ma poitrine et fait arriver à mes lèvres ; voici ce qui dit l’homme divin ici présent : Les deux soleils qui suivront celui-ci sont tertzauh — mauvais augure ; — mais le soir du troisième, dès que mezteli — la lune — répandra sa lumière bienfaisante, mon fils le sachem Atoyac prendra la peau d’un vigogne que mon père le vénéré amantzin de Quiepaa-Tani tuera d’ici là et qu’il bénira au nom de Teolt[1] ; il étendra cette peau sur le sommet d’un monticule qui doit se trouver à peu de distance hors de la ville, afin que le méchant esprit en sortant du corps des jeunes filles ne puisse s’emparer d’aucun des habitants de la cité, puis il conduira les captives à la place où cette peau sera étendue.

— Mais observa le grand-prêtre, l’une d’elles est

  1. Le grand dieu inconnu.