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L’ÉCLAIREUR.

incapable de remuer du hamac où repose son corps.

— La sagesse de mon fils réside dans chacune de ses paroles ; mais qu’il se rassure, le Wacondah donnera à celles qu’il veut sauver la force nécessaire.

L’amantzin fut contraint de s’incliner devant cet argument sans réplique.

— Lorsque ce que j’ai expliqué à mon père sera fait, continua imperturbablement le Canadien, il choisira quatre des plus braves guerriers de la nation pour l’aider à garder les captives pendant la nuit, et alors, après que j’aurai fait boire au puissant amantzin, ainsi qu’aux hommes qui l’accompagneront, une liqueur qui les garantira de toutes les mauvaises influences, mon frère le divin tlacateotzin chassera le méchant esprit qui tourmente les femmes pâles.

Le grand-prêtre et le sachem écoutaient en silence, ils semblaient réfléchir : le Canadien s’en aperçut ; il se hâta d’ajouter.

— Bien que le Wacodah nous assiste et nous donne le pouvoir nécessaire pour triompher, il faut que mon frère l’amantzin et les quatre guerriers d’élite qu’il choisira passent avec nous la nuit qui précédera la grande médecine dans le sanctuaire révéré. Atoyac remettra, pour être offertes au Wacondah, vingt cavales pleines au sage amantzin. Mon frère fera-t-il cela ?

— Hum ! fit l’Indien, peu flatté de la préférence ; si je le fais, que m’en reviendra-t-il ?

Bon-Affût le regarda fixement.

— L’accomplissement avant la fin de la seconde lune, répondit-il, du projet qu’Atoyac mûrit depuis si longtemps dans sa pensée.

Le chasseur avait parlé au hasard ; cependant il paraît que le coup avait porté juste, car le sachem répondit d’un air troublé avec une certaine agitation :