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L’ÉCLAIREUR.

maison, il ordonna de relever les portes et les fenêtres, fit percer des meurtrières et placer des sentinelles auprès de l’enceinte et sur l’azotea — toit. — Donnant ensuite à Balle-Franche le commandement de douze hommes résolus, il lui ordonna de s’aller embusquer avec cette troupe derrière un mamelon couvert de bois qui s’élevait à deux cents mètres à peu près de l’hacienda. Il fit ensuite le dénombrement de sa troupe : en comptant les domestiques de don Mariano et le gentilhomme lui-même, il n’avait auprès de lui que vingt et un hommes ; mais ces hommes étaient des aventuriers, déterminés à se faire tuer jusqu’au dernier plutôt que de se rendre. Don Miguel ne perdit pas tout espoir. Enfin, toutes ces précautions prises, il attendit. Ruperto arriva bientôt ; son rapport n’était pas rassurant.

Les Peaux-Rouges s’étaient emparés du présidio par surprise ; le bourg avait été livré au pillage, puis abandonné ; il était complètement désert. De nombreux partis d’Apaches battaient la campagne dans toutes les directions ; il paraissait évident que les aventuriers ne pourraient faire une lieue hors de l’hacienda sans tomber dans une embuscade.

Bon-Affût arriva enfin ; le chasseur ramenait avec lui une quarantaine de soldats et de paysans mexicains qui depuis deux jours erraient à l’aventure, au risque d’être surpris à chaque instant par les Peaux-Rouges qui massacraient sans pitié tous les blancs qui tombaient entre leurs mains. Don Miguel reçut ce secours imprévu avec joie ; un renfort de quarante hommes n’étaient pas à dédaigner, d’autant plus que ces individus étaient armés et par conséquent en état de lui rendre de grands services. Bon-Affût, en bon fourrier, amenait aussi avec lui plusieurs mules chargées de vivres. Le digne Canadien songeait à tout, rien ne lui échappait. Lorsque les hommes eurent été distribués aux endroits les plus exposés aux surprises, don Miguel et Bon-Affût montèrent sur l’azotéa afin d’examiner les environs.