Page:Aimard - L’Éclaireur, 1860.djvu/59

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
49
L’ÉCLAIREUR.

il prit la parole et commença une longue histoire que les assistants écoutèrent avec une attention et un intérêt qui croissaient d’instant en instant ; car jamais, jusqu’à ce jour, ils n’avaient entendu de récit d’événements aussi bizarres et aussi extraordinaires.

Le soleil était levé depuis longtemps ; le vieux chasseur parlait encore.



VI.

Une ténébreuse Histoire.


Voici dégagée de toutes les observations plus ou moins justes dont il plut au prolixe chasseur de l’embellir, l’histoire extraordinaire que le Canadien raconta à ses auditeurs. Cette histoire se lie si intimement à notre récit, que nous sommes contraints de la rapporter dans tous ses détails.

Peu de villes offrent un aspect plus enchanteur que Mexico ; l’ancienne capitale des Aztèques s’étend, molle et paresseuse comme une nonchalante créole, à demi voilée par les épais rideaux de saules élancés qui bordent au loin les canaux et les routes. Bâtie juste à égale distance de deux océans, à environ 2 280 mètres au-dessus de leur niveau, c’est-à-dire à la hauteur de l’hospice du mont Saint-Bernard, cette ville jouit cependant d’un ciel délicieusement tempéré, entre deux magnifiques montagnes, le Popocatepetl — montagne fumante — et l'Iztaczehualt, ou la femme blanche, dont les cimes chenues, couvertes de glaces éternelles, se perdent dans les nues. L’étranger qui arrive à Mexico au coucher du soleil, par la chaussée de l’Est, une des quatre grandes voies qui conduisent à la cité des Aztèques, et qui seule aujourd’hui reste encore isolée au milieu des eaux du lac de Tezcuco, sur lequel