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L’ÉCLAIREUR.

— Ma foi je les suppose Mexicains ; leur chef se nomme, je crois, don Miguel Ortega, ou un nom approchant ; quelque chose comme cela enfin.

— Hein ! s’écria Balle-Franche, en faisant un bond de surprise : quel nom avez-vous dit ?

— Don Miguel Ortega ; après cela peut-être me trompé-je, mais je ne crois pas.

C’est étrange ! répéta le vieux chasseur, comme se parlant à lui-même.

— Je ne vois rien d’étrange là-dedans ; ce nom me semble fort ordinaire.

— Pour vous, c’est possible ; et vous avez traité avec lui ?

— Parfaitement.

— Comme éclaireur ?

— Oui, mille fois oui.

— Eh bien, rassurez-vous, Bon-Affût, nous avons de longs jours à vivre ensemble.

— Feriez-vous partie de sa troupe ?

— Dieu m’en garde !

— Alors je n’y comprends plus rien.

Balle-Franche sembla sérieusement réfléchir pendant quelques instants, puis se tournant vers son ami :

— Écoutez-moi, Bon-Affût, lui dit-il, aussi bien vous êtes mon plus ancien ami, et je ne veux pas vous voir vous fourvoyer de gaieté de cœur ; j’ai à vous donner certains renseignements qui vous sont indispensables pour vous acquitter convenablement de la tâche que vous avez acceptée ; je vois que nous ne dormirons pas cette nuit, ainsi prêtez-moi l’oreille avec attention ; ce que vous allez entendre en vaut la peine.

Bon Affût, surpris de l’accent solennel du vieux chasseur, le regarda avec inquiétude.

— Parlez lui dit-il.

Balle-Franche rassembla un instant ses souvenirs, puis