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LA FIÈVRE D’OR.

— Qui sait ? fit le comte avec insouciance. Mais depuis quand redoutes-tu donc autant les Indiens, frère ?

— Depuis que j’ai appris à les connaître, répondit froidement le chasseur ; tu as fait à cet homme une de ces insultes qui veulent du sang, sois certain qu’il saura t’en faire repentir.

— À la grâce de Dieu ! peu m’importe !

Après ces quelques mots, les chasseurs reprirent leur sommeil interrompu.

Le reste de la nuit s’écoula sans nouvel accident.

Au lever du soleil, les aventuriers continuèrent leur route, et le soir, après une journée de fatigues incroyables au milieu des sables arides de la savane, ils arrivèrent enfin au pueblo ou lugar de San José, où les habitants les reçurent avec des cris de joie, persuadés que les étrangers ne les quitteraient pas sans les fournir de quelques-uns de ces objets de première nécessité dont ils sont privés et qu’ils n’ont aucun moyen de se procurer.

Le pueblo de San José est la dernière étape sérieuse des caravanes avant d’arriver à San-Francisco ; les voyageurs avaient accompli, à travers des dangers et des difficultés sans nombre, un trajet de près de cent quatre-vingts lieues en moins de trois semaines, célérité dont jusqu’alors il n’y avait pas eu d’exemple.