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Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/103

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LA FIÈVRE D’OR.


IV

LA MISE EN DEMEURE.


Les chasseurs installèrent les bestiaux dans un vaste corral ; puis ils cherchèrent un abri dans un meson, dont l’hôte, véritable portrait au physique du digne chevalier de la Manche, les reçut du mieux qu’il lui était possible.

Après le rude voyage qu’ils venaient de faire, ce fut une grande joie pour les aventuriers de reposer enfin leur tête sous un toit, et d’être pour quelques heures au moins logés d’une façon presque civilisée.

Don Luis et Valentin prirent pour eux le même cuarto, tandis que don Cornelio et Curumilla faisaient choix de celui placé directement en face du leur.

Dès que cette organisation provisoire fut terminée, et le souper pris en commun, chacun se retira pour se livrer au repos.

Avant que de s’étendre sur le cuadro recouvert d’une peau de bœuf qui devait lui servir de lit, don Luis s’approcha de Valentin, qui, à demi renversé dans un butacca (fauteuil), fumait une cigarette en regardant nonchalamment tournoyer la fumée bleuâtre.

— À quoi penses-tu ? lui demanda-t-il en s’accoudant amicalement sur le dossier de la butacca.

— À toi, répondit Valentin en se tournant vers lui avec un sourire.