Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/106

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
99
LA FIÈVRE D’OR.

sa butacca, ralluma son cigare, qu’il avait laissé éteindre, se croisa les bras sur la poitrine et parut décidé à ne pas ajouter un mot.

Valentin l’examina longtemps avec l’attention la plus soutenue, hochant parfois la tête et fronçant les sourcils avec mécontentement.

Enfin il se résolut à renouer l’entretien.

— Hum ! fit-il, je sais maintenant toute ta vie, je l’admets ; elle n’a rien de bien extraordinaire dans un pays comme celui où nous nous trouvons, elle ne sort en rien de la loi commune ; tu aurais donc grand tort de te plaindre.

— Je ne me plains pas, s’écria vivement le comte, je constate un fait, voilà tout.

— Parfaitement, dit Valentin ; seulement, dans tout ce que tu m’as raconté, un point demeure obscur pour moi.

— Lequel ?

— Tu m’as dit tout ce que tu as voulu faire, c’est bien ; mais, à part l’amitié fraternelle qui nous lie, et qui, quelque forte qu’elle soit, ne peut à mon sens suffire pour déterminer une résolution aussi arrêtée que celle que tu témoignais de me retrouver, tu ne m’as pas dit dans quel but tu me cherchais avec tant d’acharnement.

Le comte se redressa, un jet de flamme jaillit de sa prunelle.

— Ne l’as-tu pas deviné, Valentin ?

— Non.

Le comte baissa la tête, et pendant quelques secondes la conversation fut de nouveau interrompue.

— Au fait, tu as raison, Valentin, mieux vaut en finir de suite afin de ne plus y revenir. Du reste,