Aller au contenu

Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/107

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
100
LA FIÈVRE D’OR.

tu sais aussi bien que moi ce que je veux te dire, reprit le comte avec l’accent d’un homme dont le parti est pris.

— Peut-être ! répondit laconiquement le chasseur.

— Allons donc ! je ne suis pas un niais, et le matin du jour où tu étais venu chercher un abri à mon campement, au premier mot que je laissai échapper, tu me compris.

— C’est possible, fit imperturbablement Valentin ; cependant, comme je n’ai aucune prétention à la science divinatoire, sois assez bon pour t’expliquer clairement et catégoriquement.

— Tu l’exiges ?

Le chasseur hocha affirmativement la tête.

— Eh bien ! soit, reprit le comte, tu es toujours l’homme d’il y a quinze ans.

— N’est-ce pas à cette époque que nous nous reportons en ce moment ? fit en souriant Valentin.

— Ah ! s’écria le comte en frappant de la main sur le bras de sa butacca, tu vois bien que tu m’as compris.

— T’ai-je dit le contraire ?

— Pourquoi, alors, exiges-tu ?…

— Parce qu’il le faut, répondit sèchement le chasseur.

— Sois satisfait, car je vais te répéter tes propres paroles.

— J’écoute.

— Tu te le rappelles, n’est-ce pas, c’était par une froide nuit d’hiver, dans la chambre à coucher de mon hôtel, à Paris.

— Le trente et un décembre 1834, à onze heures du soir, observa Valentin.