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Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/109

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LA FIÈVRE D’OR.

— Comment ! tu ne me comprends pas ! s’écria le comte en bondissant sur sa butacca et se trouvant subitement debout.

— Non, répondit froidement Valentin. N’ai-je pas tenu ma promesse ? Ah ! Louis, puisque tu l’exiges, vive Dieu ! ajouta-t-il en s’animant à son tour, récapitulons, je ne demande pas mieux. Que viens-tu me parler d’accomplir un pacte ? n’ai-je pas rempli mes engagements ? Cette femme que tu désespérais de revoir jamais, ne te l’ai-je pas fait retrouver, moi ? ne l’as-tu pas épousée ? N’as-tu pas joui auprès d’elle de dix ans d’un bonheur parfait ? De quel droit viens-tu te plaindre de la fatalité qui s’acharne après toi ? de quel droit maudis-tu ton sort, homme ingrat ! dont le bonheur a duré dix ans, dix siècles sur cette terre ? Regarde autour de toi, montre-moi un homme qui, dans sa vie tout entière, puisse compter une année de ce bonheur dont tu fais fi, et alors je te plaindrai, je pleurerai avec toi, et, s’il le faut, je t’aiderai à mourir ! Oh ! tous les hommes sont les mêmes, faibles devant la joie comme dans la douleur, oubliant en quelques jours d’adversité des années de bonheur ! Ainsi te voilà, après quinze ans, revenu au même point. Insensé ! sais-tu seulement, toi qui parles ainsi, sais-tu ce que c’est que d’avoir toute une existence de souffrances et de douleurs horribles, de sentir heure par heure, minute par minute, son cœur se déchirer, et cela toujours sans espoir, et sourire et paraître gai, et vivre enfin ? As-tu, pendant un jour seulement, enduré cet atroce supplice, toi qui parles aussi délibérément de mourir ?

Peu à peu, en parlant, malgré lui, Valentin s’é-