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LA FIÈVRE D’OR.

de tous : au lieu de nous tuer lâchement, nous serons morts sur la brèche, en héros ! Ce martyre n’est-il pas le plus noble, le plus sublime de tous ?

— Oui, Valentin, tu as raison, raison toujours. Oh ! c’est ainsi seulement que peuvent et doivent mourir des hommes comme nous.

— Bien ! s’écria Valentin, tu m’as compris.

— Non-seulement je t’ai compris, frère, mais encore, je t’avais pour ainsi dire deviné.

— Comment cela ?

— Lorsque j’ai pour la dernière fois rencontré le comte de Lhorailles dans le désert, je revenais avec Belhumeur et un chef indien de visiter un placer d’une richesse incalculable que cet Indien avait découvert, et dont il avait cédé la propriété à Belhumeur ; cette propriété, Belhumeur m’en fit le complet abandon. À mon retour, je me rendis à Mexico, où j’entamai des négociations avec plusieurs personnes notables, entre autres avec le chargé d’affaires de France. Tu sais sans doute comme tout est lent à réussir dans ce malheureux pays. Cependant, grâce aux riches échantillons que j’avais eu la précaution d’apporter avec moi, grâce surtout à la protection toute puissante de certaines personnes, je réussis à fonder une Société dont on me nomma chef, avec le droit de lever une compagnie française, armée et disciplinée, afin de prendre possession du placer et de le faire exploiter au profit de la Société.

— Eh bien ?

— Eh bien ! je suis retourné à San Francisco, j’ai tenté quelques démarches ; mais deux choses me manquaient, la patience d’abord, l’argent ensuite pour enrôler mes hommes et acheter les choses né-