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LA FIÈVRE D’OR.

— Merci, mon père, d’avoir changé d’avis, et de m’avoir emmenée avec vous ! je m’ennuyais tant, dans ce vilain couvent, et puis il y a si longtemps que je n’ai vu ma bonne mère, que je brûle de l’embrasser.

— Cette fois, mon enfant, vous pourrez embrasser votre mère tout à loisir, car mon intention est de vous laisser près d’elle.

— Je ne reviendrai donc pas à Guadalajara avec vous, mon père ?

— Non, mon enfant, vous habiterez ma grande hacienda (ferme) de Aguas Frescas avec votre mère et mes plus fidèles serviteurs pendant le temps de mon absence ; car aussitôt après avoir terminé les affaires urgentes qui exigent ma présence à San-Blas, je me rendrai à Mexico auprès du général Santa-Anna. Son Excellence m’a fait l’honneur de me mander auprès d’elle.

— Oh ! fit-elle en joignant les mains avec prière, vous devriez m’emmener avec vous à la ciudad ! (la ville.)

— Petite folle ! vous savez bien que c’est impossible ; mais du moins à mon retour je vous apporterai, à vous et à votre mère, les plus belles choses des portales de Mercaderes et du Parian[1], afin que vous puissiez éclipser les plus coquettes señoras de Tepic lorsqu’il vous plaira d’aller vous promener sur l’alameda du Pueblo.

— Oh ! ce n’est plus la même chose, fit-elle avec une moue mutine ; et cependant, ajouta-t-elle en reprenant subitement son enjouement, je vous remercie, mon père ; car vous êtes bon, vous m’ai-

  1. Bazars de Mexico.