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Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/15

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LA FIÈVRE D’OR.

mez, et lorsque vous ne satisfaites pas un de mes caprices, c’est que cela vous est impossible.

— Il est heureux que vous le reconnaissiez et que vous me rendiez enfin justice, mauvaise petite tête, qui passez votre temps à me tourmenter.

La jeune fille se mit à rire, et par un mouvement brusque et soudain, abandonnant les rênes de sa jument, elle jeta les bras autour du cou de son père et l’embrassa avec effusion à plusieurs reprises.

— Prenez donc garde à ce que vous faites ! s’écria le colonel, heureux et inquiet à la fois ; si Rebecca s’emportait, elle vous tuerait. Reprenez les rênes… mais reprenez-les donc !

— Bah ! fit elle en riant et en secouant insoucieusement sa tête brune, Rebecca est trop bien apprise pour s’emporter ainsi.

Cependant elle ressaisit les rênes et se remit d’aplomb sur sa selle.

— Angelita mia ! reprit son père plus sérieusement peut-être qu’il n’aurait dû en cette circonstance, vous n’êtes plus une enfant, vous devriez commencer à être plus raisonnable et modérer la vivacité de votre caractère.

— Me grondez-vous de vous aimer, mon père ?

— Dieu m’en garde, mon enfant ! Seulement, je vous fais une observation que je crois juste, car si vous vous laissez ainsi emporter à votre première impression, vous vous préparerez plus tard de grands déboires et de grands chagrins.

— Ne croyez pas cela, mon bon père ; je suis vive, insouciante, impressionnable, c’est vrai ; mais à côté de ces défauts j’ai cet orgueil de race que je tiens de vous et qui me défendra de bien des fautes.