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LA FIÈVRE D’OR.

prime de dix piastres ; ma foi ! tant pis pour lui. Retournons à l’hacienda, voulez-vous ? afin d’envoyer quelqu’un prendre notre chasse.

— De grand cœur.

Ils rentrèrent.

— Hum ! fit à part lui le capitaine tout en galopant, il faut que ce soir même j’aie une explication définitive avec lui.



VIII

EXPLICATIONS RÉTROSPECTIVES (SUITE).


Les Hispano-Américains ne boivent ordinairement pas pendant la durée des repas ; c’est seulement lorsque les dulces, c’est-à-dire les gâteaux et les sucreries, qui remplacent ce qu’en France on nomme le dessert, ont été mangés et que chaque convive a bu le verre d’eau destiné à faciliter la digestion, que les liqueurs sont apportées sur la table et que le refino de Catalogne commence à circuler ; alors les puros et les pajillos sont allumés, et la conversation, toujours un peu guindée pendant tout le cours du repas, devient plus intime et plus amicale à cause de l’absence des convives subalternes, qui alors se retirent, laissant au maître de la maison et à ses hôtes liberté entière.

Le capitaine avait judicieusement choisi ce moment pour commencer son attaque. Non pas qu’il espérât avoir meilleur marché du jeune homme à la fin du repas, la sobriété des Américains du Sud est