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LA FIÈVRE D’OR.

charmante enfant usait despotiquement de son pouvoir, mais toujours dans le but de faire une bonne action, comme de faire commuer la peine d’un condamné, de secourir des malheureux, en un mot, de rendre moins lourd le joug de fer que le général, avec ses manières félines, faisait implacablement peser sur ses subordonnés.

Aussi la jeune fille était-elle autant adorée de tous ceux qui l’approchaient que le général était redouté et haï. Dieu avait sans doute voulu, dans sa bonté ineffable, placer l’ange auprès du démon, afin que les blessures faites par le second fassent guéries par le premier.

Maintenant que nous avons fait connaître, autant que possible, ces deux personnages, dont les caractères se développeront plus complètement dans le cours de cette histoire, nous reprendrons notre récit au point où nous l’avons interrompu.




IX

LE LENDEMAIN.

Le ciel commençait à peine à se teinter de nuances d’opale ; dans les sombres profondeurs du ciel, quelques étoiles brillaient encore faiblement çà et là.

Il était environ trois heures et demie du matin.

Dans la locanda (auberge), les hommes et les animaux dormaient encore de ce calme sommeil qui précède le lever du soleil. Nul bruit, si ce n’est par intervalles les aboiements d’un chien hurlant à la