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Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/164

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LA FIÈVRE D’OR.

lune, ne troublait le silence qui planait sur le pueblo de San José.

La porte du cuarto où reposaient les frères de lait s’ouvrit avec précaution. Un mince filet de lumière filtra à travers l’entrebaillement, et Valentin et le comte sortirent.

Don Luis n’avait aucune raison de s’éloigner sans être vu, il n’avait pas de motifs pour se cacher ; s’il prenait autant de précautions, c’était seulement dans la crainte de troubler le sommeil des autres voyageurs de l’hôtellerie, qui, sans doute, n’avaient pas d’aussi bonnes raisons que lui pour se lever à cette heure presque indue, et que, par conséquent, il était inutile de réveiller.

Arrivé dans le patio, don Luis prépara les harnais de son cheval pendant que Valentin, après l’avoir fait sortir du corral, le bouchonnait avec soin et le faisait boire.

Lorsque tout fut en ordre, Valentin ouvrit la porte charretière, les deux hommes se serrèrent une dernière fois la main, et don Luis s’élança dans les ténèbres de la seule rue du pueblo, où il ne tarda pas à disparaître au milieu des aboiements des chiens errants réveillés en sursaut sur son passage, et qui le poursuivaient, en hurlant avec fureur après les jambes de son cheval.

Valentin demeura un instant immobile et pensif, écoutant machinalement le bruit décroissant des pieds du cheval sur la terre durcie.

— Peut-être n’aurais-je pas dû le pousser dans cette voie, murmura-t-il ; qui sait ce qui l’attend au bout ? Un soupir étouffé s’exhala de sa poitrine. Bah ! ajouta-t-il après un instant, toutes les routes n’a-