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Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/167

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LA FIÈVRE D’OR.

je suis plus contrarié que vous de ce qui arrive ; cet empêchement c’est tout uniment que don Luis est parti.

— Parti ! don Luis ! s’écria l’autre avec étonnement.

— Mon Dieu ! oui.

— Comme cela, sans parler à personne, de but en blanc ?

— Sans parler à personne, oui ; de but en blanc, non ; il avait des raisons urgentes de presser son départ ; et, tenez, j’étais encore occupé à refermer la porte lorsque vous êtes arrivé : un moment plus tôt vous le rencontriez.

— Quelle fatalité !

— C’est vrai ; mais que voulez-vous ? en résumé, le malheur n’est pas aussi grand qu’il peut vous paraître d’abord. Dans quelques jours nous le reverrons.

— Vous en êtes sûr ?

— Pardieu ! puisque c’est convenu entre nous. Aussitôt que j’aurai réussi à vendre le troupeau, nous irons rejoindre notre ami ; ainsi, prenez patience, don Cornelio, notre séparation ne sera pas longue. Sur ce, consolez-vous et bonsoir.

Valentin se détourna et fit quelques pas.

L’Espagnol l’arrêta.

— Que voulez-vous encore ?

— Un mot seulement.

— Dites-vite, je tombe de sommeil.

— Pardon, c’est que vous avez tout à l’heure dit une chose qui m’a vivement frappé.

— Ah ! quoi donc ?

— Vous avez dit que don Luis vous avait chargé de vendre le troupeau ?