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Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/173

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LA FIÈVRE D’OR.

— Un ennemi, vrai Dieu ! Je savais bien que déjà j’avais entendu prononcer son nom.

— Que mon frère écoute, reprit le chef ; Curumilla a vu le visage pâle ; il le tuera.

— Hum ! n’allez pas ri vite en besogne, chef ; dites-moi d’abord qui il est ; puis nous verrons ce que nous aurons à faire. Malheureusement nous ne sommes pas ici dans les prairies : la mort de cet individu, quel qu’il soit, pourrait nous coûter cher !

— Les visages pâles sont des femmes ! reprit l’Indien avec mépris.

— C’est possible, chef, c’est possible ; mais soyons prudents, demain n’est pas passé, comme vous dites, vous autres, et tout vient à point à qui sait attendre. Provisoirement, tenons-nous cois, nous ne sommes pas les plus forts.

Curumilla haussa les épaules, il était évident que le digne Indien n’était pas partisan de la temporisation ; cependant il ne se permit pas la moindre observation.

— Voyons, chef, dites-moi qui il est et dans quelles circonstances nous avons eu maille à partir avec lui.

Le chef se leva et se posa debout, bien en face de Valentin.

— Mon frère ne se souvient pas ? lui demanda-t-il.

— Non.

— Ooah ! la conspiration du paso del Nerte, où Curumilla a tué Face-de-Chien.

— Oh ! s’écria Valentin en se frappant le front j’y suis ; cet homme est le général qui commandait