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LA FIÈVRE D’OR.


X

OÙ L’ON PARLE DE LA VENTE DU TROUPEAU.

Ce que doña Angela avait dit à don Cornelio était vrai, son père attendait réellement le matin même son majordome, afin de s’entendre avec lui au sujet de certaines améliorations qu’il voulait introduire dans une de ses haciendas, et entre autres des bestiaux qu’il voulait acheter afin de repeupler ses prairies, dévastées pendant la dernière incursion périodique que les Indiens apaches et comanches ont pris l’habitude de faire sur le territoire mexicain.

Cependant doña Angela, en véritable créole qu’elle était, ne s’était jamais jusque-là occupée des affaires domestiques de son père, ayant trop à faire de songer à sa toilette et à ses plaisirs ; elle ne savait donc comment s’y prendre pour amener tout doucement la question sur ce point, sans laisser soupçonner l’intérêt qu’elle y attachait. Mais ce que femme veut Dieu le veut, la plus simple devient rusée dès que son intérêt est en jeu. Après que l’Espagnol se fut retiré, la jeune fille demeura quelques instants pensive ; puis un sourire se dessina sur ses lèvres roses, elle frappa joyeusement ses petites mains l’une contre l’autre, et elle s’endormit en murmurant doucement :

— J’ai trouvé.

Les Mexicains sont matineux, afin de jouir de la