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Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/177

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LA FIÈVRE D’OR.

fraîcheur des premières heures de la journée. À sept heures et demie, doña Angela ouvrit les yeux et fit dévotement ses oraisons du matin à la Vierge ; puis, aidée par Violanta, son espiègle camérista, elle procéda au charmant mystère de sa toilette de jeune fille.

Son sommeil avait été paisible comme celui d’un oiseau ; aussi était-elle calme, reposée et belle à ravir.

Au moment où Violanta attachait la dernière épingle destinée à retenir les longues et épaisses nattes de sa magnifique chevelure, on frappa.

C’était le général.

Don Sebastian était revêtu du riche costume des campagnards sonoriens, mais ses traits mâles et caractérisés, la fixité hautaine de son regard, ses longues moustaches, et plus que tout, sa démarche décidée le faisaient, au premier coup d’œil, reconnaître pour militaire, malgré l’habit qu’il avait cru devoir endosser.

Le général avait depuis bien des années déjà, pris l’habitude de venir ainsi chaque matin souhaiter le bonjour à sa fille ; le franc et naïf sourire de son enfant faisait pénétrer dans son cœur un doux rayon de soleil, dont le reflet l’aidait, pendant tout le reste de la journée, à supporter les ennuis inséparables du pouvoir.

Violanta se hâta d’ouvrir.

Le général entra.

Doña Angela épiait sournoisement l’expression de sa physionomie ; elle fit un geste de joie en croyant s’apercevoir qu’il était satisfait malgré l’apparence sévère qu’il cherchait à donner aux traits de son visage.